A day I try to integrate myself and this day came... [June Rain]

Je remarquais l'air détaché, voire déconnecté de la réalité qu'elle avait eu avant qu'elle ne s'excuse. C'était étrange... on aurait qu'elle était physiquement là mais mentalement ailleurs, cependant, je ne m'attardais pas sur l'expression de son visage, je ne désirais pas qu'elle se sente toisée par mon regard inquisiteur. Je sentais que j'allais économiser une cigarette aujourd'hui, car, de toute manière, il ne me restait plus le temps d'aller m'en fumer une. Quelque part, je devais avouer que cela m'agaçait mais de l'autre, je la remerciais intérieurement de m'empêcher sans le vouloir, et sans en être consciente d'aller m'allumer une clope.

Elle se présentait poliment, comme pour encore s'excuser de la façon dont elle m'a percutée.

- Et moi, June. Si tu te perds un peu dans l'université, ou qu'il y a quoique ce soit que je peux faire pour t'aider, n'hésite pas! lançai-je amicalement.

C'est vrai, au moins je pouvais être utile à quelqu'un. Mais je voulais surtout faire bonne impression à cette nouvelle connaissance... je voulais qu'on me voit différement. Ici, on m'avait dédié le titre de la fille la plus bizarre de l'université. Elle, elle ne me connaissait pas encore et c'était pour ça que je me devais d'en profiter.

Quelque part, je me demandais si elle était humaine. Elle avait l'air si... comment dire, si généreuse, si compréhensive... le genre humain n'était pas comme cela. Enfin, si, mais les humains demandaient toujours un reboursement quelconque pour un geste de leur part. C'était donnant-donnant. Hors, j'avais l'impression qu'elle n'était pas cela. Je n'allais pas m'en plaindre, bien au contraire, cela me faisait un bien fou de remarquer cette impression qui émanait d'elle ainsi. Peut être que je me trompais, peut être n'était-elle juste une simple humaine comme moi, comme les autres, mais elle semblait toujours différente à mes yeux. Elle me souria, d'une façon qui allait au-delà d'un simple remerciement qu'on aurait pu m'adresser et je fûs presque surprise de voir que ce remerciement là, voulait réellement dire "merci".

Elle avait besoin d'aide et moi, l'insociable, la bizarre, celle qui ne rendait service à personne car personne ne se permettait de le faire pour moi, je sentis un sentiment qui était enfouie depuis lontemps dans ce corps. A présent, je ferais tout pour l'aider à se retrouver dans l'université, si elle le désirait.

- Bien sûr! C'est par là, lançai-je en me dirigeant dans la direction du secrétariat.

Je ne pris pas la peine de regarder si elle me suivait puisqu'il était évident qu'elle le faisait.

Je marchais dans l'allée qui menait à la destination qu'elle désirait. Je savais qu'inconsciement je m'étais légèrement mise à l'écart d'elle, car je savais que si j'étais trop près de cette fille, tous les regards seraient braqués sur moi mais ce n'était pas vraiment cela qui me dérangeait. Les regards, je m'y étais habituée depuis ma tendre enfance. Non, ce qui me gênait c'est qu'en nous voyant ensemble, des gens sauteraient sur l'occasion pour monter la tête de cette jeune fille seulement parce que j'avais une attirance pour les couleurs sombres et la solitude. Et alors? Qu'est-ce que cela pouvait bien leur faire tout ce que constituait ma personne?! J'étais comme j'étais après tout et je n'allais pas changer pour eux. Pour des humains aussi superficielles et sans interêts particuliers. Voilà l'une des raisons qui me poussaient à être l'eternelle insociable.

Son murmure me fit sortir de mes songes et d'un côté, ce n'était pas plus mal. Je ne voyais pas vraiment pourquoi je me prenais la tête pour si peu. Elle me remerciait. Encore. Pourtant, ce n'était pratiquement rien le service que je lui rendais. Je me retournais vivement, le temps de lui adresser un sourire chaleureux, ce qui n'était pas dans mon habitude, je devais l'avouer.

Nous étions devant la porte du secretariat. Je me postais sur le côté, histoire de la laisser franchir le seuil avant de lui dire:

- Je t'attends ici, si tu veux.

Quelque part, je regrettais d'avoir dit cela. Je ne voulais surtout pas qu'elle pense que j'allais la coller à présent qu'elle m'avait demandée mon aide et je craignais d'avoir fait fuire la seule qui daigne me parler. Non, je désirais juste m'assurer qu'elle n'avait besoin de rien d'autre après sa virée au secrétariat.

Malgré le respect et l'amabilité que j'avais pour elle, je n'étais pas à l'aise. Simplement, les contacts sociaux de ce genre n'était pas moi et j'avais l'impression d'y avoir perdu le goût et surtout l'habitude. Je m'étais vraiment renfermée depuis la mort non-préméditée de ma meilleure amie tant la culpabilité et la peine me rongeaient. Son absence m'a détruite et je ne pouvais nier que pendant un bon moment, je n'avais plus de raison de vivre. Ca a du être ça le pire à supporter. Non pas le regard des autres, ni leur jugement mais la solitude en elle-même. Le fait de me dire que je n'avais plus rien à perdre et que personne ne me perdait si je venais à disparaître moi aussi un jour. Cela m'a longuement tué à petit-feu et on pouvait le constater, seulement en regardant la personne meutri que j'étais aujourd'hui.

Mais je devais arrêter de songer à tout ça. Quelque chose de bien m'était arrivé il n'y a guère lontemps; Aidan. Je ne savais même pas si je le meritais, ni même si je pouvais croire naïvement à cette dose de bonheur sans le payer un jour. Mais bon, à présent je n'étais plus seule et il semblait que la chance commençait à tourner en ma faveur, ce qui ne me déplaisait guère, bien au contraire. J'avais envie de sourire à la vie et cueillir les fruits qu'elle m'offrait en ce moment. Elle m'avait donné l'occasion de me faire une connaissance, alors je n'allais pas cracher dessus, surtout qu'elle était trés gentille.

Elle me proposa aimablement de l'accompagner dans le secrétariat. Quelque chose de nouveau se passa en moi; je me fichais de ce que pouvaient bien lui dire les gens à mon égard à présent; je savais qu'elle était différente et qu'elle avait une personalité, ce qui l'empêcherait de suivre un quelconque avis. Je lui souris et ouvris la porte en m'infiltrant dans la pièce avec elle.

Bizarrement, cette fille me paraissait mystérieuse. J'avais l'impression que derrière son sourire angelique se cachait des peines, des cicatrises. Tout le monde connaissait au moins une fois dans sa vie le sentiment qu'on ressentait quand tout ce, pour quoi on s'est battu, pour lequel on a cru, s'éffrondre en mille morceaux. On avait au moins tous vécu des coups durs et des peines et on allait sûrement, qu'on était mages ou non, en rencontrer encore dans notre chemin qu'on menait. Mais là, ce n'était pas ça qui avait attiré mon attention. Non. C'était le fait que je m'interessais pour la première fois aux choses cachées d'une personne. A l'habitude, que les gens souffraient ou pas, je m'en fichais pas mal. Oui, j'avais developpé la capacité de ne me lier à personne donc, je me devais de ne pas prêter une grande attention à la vie des autres. Puis, pour quelle raison je m'interesserais à la vie de quelqu'un qui n'en a rien à faire de la mienne? Avec moi, c'était toujours donnant-donnant.

En quelques secondes à peine, j'étais avide de connaître le côté sombre qui était ancrée en elle. Cependant, je ne voulais en aucun cas être indiscrete. Si, le temps nous permettrait de nous connaître d'avantage, peut être qu'un jour je pourrais être une épaule pour pleurer, et même pouvoir la conseiller. Je n'avais jamais niée que j'étais mieux seule. Mais, aujourd'hui, c'était un jour nouveau pour moi. Le jour où il fallait que je m'ouvre aux autres et à Katherine en particulier.

Nous nous trouvions dans la file qui s'était formée devant le bureau de la secretaire lorsqu'elle me murmura sur un ton amusé:

- J'espère que la secrétaire n'est pas une peau de vache.

Je retrouvais ainsi son côté bout-en-train, qui ne me déplaisait pas du tout. A vrai dire, je ne savais que répondre à sa phrase. J'étais là depuis quelques mois et comme je ne venais pas souvent en ce lieu...

- On le découvrira toutes les deux, je pense, répondis-je sur le même ton.