«It's a damn cold night, I try to figure out my life...» {June Rain - April Heard}

Il était presque minuit et à vrai dire, je ne savais pas vraiment ce que je faisais ici dans cette rue lugubre et (trop) calme. On pouvait à peine déceler les étoiles dans le ciel et un vent froid agitaient mes cheveux bruns, laissant des frissons sur ma peau à son passage. Je marchais, les bras enroulés autour de mon ventre afin de me réchauffer, mais je savais que ça ne servait pas à grand chose. Le bruit de mes pas résonnaient autour de moi, se percutant contre les parois en beton qui m'encerclaient de toute part dans la rue. Aucune lumière n'étaient allumées, sans compter les reverbères. Aucun bruit, sans compter le crépitement des feuilles qui dansaient au gré du vent. J'étais seule. Ca me faisait un bien fou, je devais l'avouer. J'adorais marcher la nuit, simplement parce que tout était calme et c'est ce que j'avais besoin en ce moment. Je plongeai la main dans la poche de mon jean et en sortis mon portable. Je regardais l'heure; il était à présent minuit vingt; je devrais peut être rentrée puisque le couvre-feu de l'université était à minuit trente. De plus, je m'étais quand même assez eloignée de l'université, donc si on comptait en plus de ça le temps que je devrais mettre en marchant, il fallait bien que je commence à me mettre sur la route, même si je n'en avais pas le désire. Je rangeai mon portable et en sortis dans le même instant mon paquet de cigarette d'où j'en pris une. Je la portai à mes lèvres afin de la coincer et prit mon briquet entre mes mains afin de l'allumer. Je tirai une bouffée et regardais distraitement la fumée disparaitre dans l'air frais du soir.

A cet instant, je ressentis une impression bizarre. L'impression de ne plus être seule. Je fronçais les sourcils car cette pensée se faisait de plus en plus présente dans mon esprit. Je tirai une nouvelle fois sur ma cigarette et me retournai; je me retrouvai nez-à-nez avec une jeune fille à la cheveulure blonde et aux yeux cernés de noir. Elle était trés jolie, voire magnifique mais quelque chose de terrifiant émanait d'elle... à ce moment là, quelque part en moi tout me priait de fuir, mais pour quelle raison? Je n'en savais rien. Je ne bougeai pas et toisais la jeune fille comme elle le faisait de même, en aspirant la fumée toxique de ma cigarette quelques fois, sans baisser le regard. J'aurais voulu lui demander qui elle était et qu'est-ce qu'elle faisait ici mais je ne voulais pas non plus me montrer froide avec cette mystérieuse inconnue. Je me contentais donc de rester muette.

Je me baladais, ce soir là dans les rues de Londres, comme je le faisais souvent, lorsque j'aperçus une jeune femme, uniquement entourée de la fumée qui sortait de sa cigarette. Elle avait l'air vulnérable, ce qui signifiait pour moi, une bonne nouvelle. Je m'approchais d'elle, et la toisais. Je ne savais pas encore quelle méthode j'allais utiliser pour la torturer. Pour l'instant je préférais l'aborder de façon tranquille.

"Salut, t'en aurais pas une pour moi ?" - lui demandais-je en désignant la cigarette qu'elle portait à ses lèvres.

Elle me répondit faiblement, et je souris en découvrant la lueur de peur dans son regard.

"Merci"-dis-je en attrapant la cigarette qu'elle me tendis.

Je la portais à ma bouche, et commençais à inhaler la substance, en attendant de trouver une idée.

Alors que nous nous toisions toujours, son visage changea subitement d'expression. Il était plus avenant à présent, et je pouvais apercevoir un sourire etirer ses fines lèvres pour laisser entrevoir ses dents blanches comme de l'ivoire. Elle me demanda de lui passer une cigarette, ce que je fis avec amabilité puisque de toute façon, je ne me serais pas vue lui refuser ceci en lui sortant l'excuse banale "ca coûte chère". Elle la porta entre ses lèvres et, comme pour anticiper sa demande, je lui tendis mon briquet qu'elle prit en souriant en guise de remerciement, sûrement. Je la regardais aspirer et expirer la fumée, un geste qui faisait aussi appel au mien. Un silence s'installa entre nous et je crus presque entendre le crépitement de ma cigarette qui se consumait lentement.
- Que fais-tu ici si ce n'est pas trop indiscret? demandai-je, curieuse, cherchant quand même à combler le silence qui regnait dans la rue.

Je percevais les battements de son cœur qui se faisaient, de plus en plus rapide. J'appréciais réellement la sensation que je provoquais aux simples humains.
Je pouvais la droguer. Mais ce n'était pas bien original, et puis je voyais bien qu'elle n'était pas naïve, malgré la peur qu'elle paraissait ressentir.
Il fallait que je trouve quelque chose de mieux, et rapidement. Elle était étudiante à la fac du coin, d'après l'enseigne qu'elle portait sur sac. Et je savais que le couvre feu de cette université était à minuit et demi. Je ne disposais plus de beaucoup de temps.

Je me balades, soufflais-je simplement.

La question est que fais tu, ici, en pleine nuit, alors que tu devrais être à l'université dans moins de dix minutes ?

Je croisais et décroisais les jambes en attendant sa réponse; j'étais nerveuse de nature et même sur place, il me fallait bouger que ce soit mes mains ou mes pieds. En y réfléchissant, c'était sûrement les effets que la cigarette qui provoquait cette nervosité sur mon corps car je remarquais qu'elle était plus présente quand j'avais ces substances nocifes dans le sang. Je n'avais pas vraiment peur de la jeune fille qui se présentait devant moi, elle avait l'air d'une adolescente comme moi, mais quelque chose qui émanait d'elle me faisait penser qu'elle n'était pas humaine... je ne savais quoi, mais je le savais pourtant qu'elle n'était pas qu'une simple adolescente. Alors qu'elle repondit à ma question par une autre question, je fûs au début etonnée qu'elle sache que j'étais etudiante à l'université de Londres.
- Comment le sais-tu? demandai-je, intriguée.
Ce qui était le plus bizarre, c'est que je ne l'avais vu dans l'université, c'est qu'elle ne devait pas y etudier alors comment le savait-elle?

Je vis qu'elle était nerveuse, et je souris en remarquant ce détail.
Elle devait être effrayée ; elle avait sûrement dû remarqué que je
n'étais pas humaine.
Encore une fois, j'appréciais l'effet de faire peur. Je me sentais forte, intimidante.
Je lui souris en tirant sur ma cigarette, toujours perdue dans mes pensées, en cherchant quel sort je pourrais bien lui infliger.

L'enseigne sur ton, sac, -lui montrais-je.

Je terminais ma cigarette.

Alors ?

Les minutes passèrent et j'en oubliais même le couvre feu qui allait m'embarasser plus qu'autre chose si je ne rentrais pas maintenant. En plus d'avoir une belle et longue heure de colle à rester assise sur une chaise dans une salle de classe silencieuse, je ne pourais plus rentrer à l'internat dés que minuit trente aura sonné. Toutes les portes se fermeront et appart ma minuscule chambre d'interne, je n'avais pas d'autre endroit où dormir, appart si je me voyais demander à la jeune fille devant moi de m'heberger pour la nuit ou même si j'avais l'audace de dormir cette nuit contre un mur, sous le vent froid qui ornait ma peau de frissons. Je tirais une dernière fois sur ma cigarette avant de la jeter au sol pour enfin, l'écraser afin que sa vie se termine. D'apparence, j'avais sûrement l'air zen, mais plus le temps passait, et plus mon esprit me suppliait de partir au plus vite, sans attendre de connaître un peu mieux la jeune fille blonde devant moi. Cela me frustrait, quelque part. Pourquoi mon instinct de survie m'implorait-il autant?
Alors qu'elle m'informa sa déduction grâce à l'enseigne sur mon sac, je souriais légèrement. Evidement, j'aurais du m'en douter.
- Je vais devoir y aller justement si je ne compte pas dormir dehors, répondis-je sur un ton amusé alors qu'en réalité, cette pensée m'embarassait.

Je lui souris, en dévoilant mes dents, pointues, qui rêvaient d'aller croquer son cou. J'avais décidé de ne pas l'attaquer. Pourtant c'était plutôt une bonne cible : elle semblait incertaine, peureuse, solitaire. Mais je préférais ne rien faire. Sans trop savoir pourquoi.

Oh je vois. Oui tu ferais mieux de te dépêcher. Tu as six minutes, souriais-je. Eh bien à bientôt, j'espère.

J'aurais pu lui proposer de l'accompagner. Effectivement il ne lui suffisait que de 30 secondes pour arriver à sa fac, si elle grimpait sur mon dos. Mais je préférais ne pas lui proposer, par peur de sa réaction

Alors, je la laissais partir, en direction de son université. Je savais qu'elle n'arriverait pas à temps, alors, je me dépêchais d'y aller, et j'avançais l'heure sur l'horloge, histoire de lui laisser un peu de temps.

Je fûs comme frappée par son amabilité. Bizarrement, je m'attendais à autre chose, ou plutôt mon subconcient s'attendait à autre chose. Je lui rendis le sourire qu'elle me lança.
- J'espère, souriai-je, sincère.
Puis, sans attendre de réponse en retour je lui tournai le dos et me mis en route pour l'université. Je courais presque, mais quelque part je savais que de toute façon j'arriverai en retard alors pourquoi m'époumoner? Il fallait que je me fasse à l'idée de dormir dehors ce soir. A ce moment précis je priais intérieurement pour ne pas que la pluie s'abbatte sur moi cette nuit... déja qu'il ne faisait pas trés chaud alors là... ce serait la cerise sur le gâteau. Un soupir d'agacement s'échappa de ma bouche à cette pensée. Après cinq minutes de marche, j'apercevais les lampadaires qui illuminait les escaliers de l'université au fond du boulevard. J'étais quelques peu soulagée d'avoir trouvé mon chemin dans la pénombre.

Je montais les escaliers, le coeur battant, apréhendant sûrement le moment où je découvrirais que la porte du hall serait fermé. J'accelerais le mouvement et en moins de trois minutes je me trouvai sur le peron du hall, devant la poignée. Une grimace vint déformer mon visage tant l'envie de dormir à la belle étoile n'y était pas. Je fûs surprise agréablement quand la poignée s'ouvrit, me laissant ainsi entrer dans l'université dont la chaleur me traversait la peau. J'étais finalement arrivée à temps.

[SCÈNE CLOSE]

» [His best days, will be some of my worst...] [June Rain - April Heard]
» [You don't care if it's wrong or if it is right... ] June Rain and April Heard.
» «I know it's hard to keep an open heart, when even friends seem out to harm you» {April Heard - June Rain}
» How To Get To Know Me [April Heard]
» «The way I am» {June Rain}