Décidemment, pas moyen d'être tranquille... [ June ]

Alors que je marchais dans sa direction, je le vis ralentir son allure afin que je le rattrape plus rapidement. Nous marchions à présent au même rythme.

- C'est quoi, votre nom ? Que je sache qui est la première personne que j'ai écouté depuis des années, demanda le mage.

Et ce n'était que maintenant que je remarquais qu'après plus d'une heure passé à discuter de tout et de rien, nous ne savions même nos noms.

- June, répondis-je. Et vous?

Il n'y avait que l'écoulement de la rivière qui longeait le parc près de nous qui faisait du bruit. Sinon, tout était désert, comme si nous étions les seules personnes qui restaient sur la terre. On pouvait même entendre le frotement que faisait nos chaussures sur l'étendue verte qui recouvrait le sol du parc.

Lorsqu'il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, ce fût sûrement la première fois qu'il me laissait perplexe. Comment savait-il que j'habitais chez mes parents? Et qui plus est, que je les fuyais? C'était marqué sur mon front ou quoi? J'en restais sans voix. Je ne savais plus quoi répondre.

- Comment le savez-vous? Je ne me souviens pas avoir parlé de ma vie personnelle une seule fois... demandai-je, suspicieuse.

Invité

June : June. Et vous ?

John : John.

Le parc était totalement désert, comme il l'était lorsqu'il s'y était installé, pour son plus grand plaisir.
La seconde question qu'il avait posée avait semblé intriguer son interlocutrice, puisqu'elle avait repris, visiblement suspicieuse :

June : Comment le savez-vous ? Je ne me souviens pas avoir parlé de ma vie personnelle une seule fois...

Le jeune homme avait affiché un sourire mystérieux :

John : Vous y pensiez, à l'instant.

Il s'était interrompu, avant de reprendre, amusé par son air surpris :

John : Oui, je lis dans les pensées. Enfin, pas vraiment, mais c'est tout comme. Ce que je perçois me permet de faire certaines déductions.

L'adolescente serait peut-être mécontente qu'il soit au courant du conflit qui déchirait sa famille, mais bon...

J'avais presque envie de protester lorsqu'il me dit qu'il percevait mes pensées. Moi qui me débrouillais de façon à ce que personne ne puisse vraiment me cerner, et ne sâche que le miminum de moi, là, je savais que ça ne servait à rien et quelque part, ça me rendait furieuse qu'on s'introduise comme ça dans mes pensées. C'était mon espace privé, là, où je n'autorisais personne à y entrer. Déja que je n'allais pas bien loin entant qu'humaine, si en plus de ça il me soutirait des informations par le biais de mes pensées, je n'aurais plus aucun droit sur moi. Enfin, c'était tout comme et c'était de cette façon que je le percevais. Je m'interdis de penser plus et à autre chose, de peur qu'il ne le lise.

- Je trouve que ça ne se fait pas, répliquai-je. C'est comme si vous brisiez mon libre-arbitre.

Oui, car maintenant que je savais qu'il pouvait percevoir mes songes, je ne pouvais plus me permettre de penser à des choses trés personnelles et c'était un exercice plutôt difficile. Il avait le contrôle sur ma mort, et maintenant sur mes pensées? Je me trouvais encore plus faible et impuissante qu'avant. Il pouvait quand même bien comprendre à quel point ça me désemparait de me sentir sous le pouvoir de quelqu'un, moi qui était une fille trés indépendante.

Invité

June : Je trouve que ça ne se fait pas. C'est comme si vous brisiez mon libre-arbitre.

John n'appréciait guère qu'on le sermonne ainsi, mais parfois, il savait reconnaitre qu'il avait eu tort. C'était le cas cette fois-ci : à vrai dire, lui non plus n'aurait pas apprécié que quelqu'un s'introduise dans son esprit, dans le but d'y lire ses pensées...
" Ne fais pas aux autres ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse " était une chose que lui répétait souvent son géniteur. S'il savait combien de fois il avait désobéit à cette règle morale depuis son décès...

Aussi, il était resté silencieux, se contentant de continuer d'avancer dans l'obscurité.
La jeune femme semblait vouloir lui bloquer l'accès à ses songes, c'est pourquoi, même si elle ne pouvait y parvenir, il avait totalement cessé d'utiliser le don qu'avaient en commun la plupart des mages, blancs ou noirs...

Invité

La jeune femme n'avait rien dit non plus, mais elle semblait satisfaite qu'il ait cessé l'exploration de ses méninges. Le silence devint presque pesant, avant que John sente qu'elle avait froid.
Manque de bol pour elle, il ne portait pas de veste, et même si cela avait été le cas, il ne lui aurait sûrement pas mise sur les épaules.
Ce genre de comportement, c'était bien dans les films, et de la part des gentils garçons, mais pas dans la situation actuelle.
Il aurait eu l'air bête. Et puis, ce n'était pas sa petite amie !

John : Vous êtes sûre que vous ne voulez pas rentrer ? Ce serait c*n de gâcher vos vacances à cause d'un gros coup de froid.

Lui était habitué à " vivre dehors ", aussi, la fraîcheur nocturne ne le gênait plus.
De plus, il supposait que son système immunitaire était plus développé que celui des humains ordinaires, car la dernière fois qu'il avait été malade lui paraissait très lointaine...

J'avais légèrement froid, et il me semblait que l'air devenait de plus en plus humide à mesure que le temps passait, mais ce n'était pas comme si ça me dérangeait réellement, si c'était le cas, je me serais déja mis en route pour la résidence où je vivais pendant que l'université était fermée. Hors, j'étais là, marchant à côté d'une personne que je devrais normalement detestée comme la peste. Parfois, je me demandais si je n'avais pas un problème car j'avais l'impression de ne pas penser dans le même sens que les autres mais évidement, je ne le faisais pas exprès.

- Vous êtes sûre que vous ne voulez pas rentrer ? Ce serait c*n de gâcher vos vacances à cause d'un gros coup de froid, me dit John.

C'est vrai que ça serait complètement agaçant d'attraper froid pendant ces vacances où je comptais faire autre chose que de rester chez moi, justement. Mais bon, je ne pensais pas que j'allais tomber malade ce soir, même si j'avais plutôt la gorge fragile à cause de mon statut de fumeuse. Puis tant pis... c'était mon problème et même si j'attraperais un rhume ou un truc dans le genre, ça ne m'empêcherait pas de sortir quand même...

- C'est pas si grave, de toute manière, répondis-je.

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